Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la rivalité Est–Ouest façonne l’exploration spatiale. Les États-Unis et l’URSS héritent des V2 allemandes développées par Wernher von Braun, qui deviennent la base de leurs lanceurs (satellites d’alerte, Spoutnik-1 en 1957, Youri Gagarine en 1961). L’enjeu militaire se double très vite d’un enjeu scientifique et de prestige national : le lancement de Saliout (1971) puis de Mir (1986) pour l’URSS, et du programme Apollo (1961–1972) pour les États-Unis, couronné par le premier homme sur la Lune en 1969 [Source : NASA]. À partir des années 1980, la doctrine de « bouclier spatial » (IDS – Initiative de Défense Stratégique) relance la dimension militaire, malgré le traité de 1967 qui limite la militarisation de l’espace. Parallèlement, la recherche fondamentale en biologie et physique spatiale s’affirme, posant les jalons d’applications civiles (télédétection, météorologie).
Longtemps monopolisée par les deux superpuissances, la haute atmosphère voit apparaître dès 1975 l’Agence spatiale européenne (ESA) et ses fusées Ariane [Source : ESA]. Dans les années 2000, la Chine lance son premier “taïkonaute” (2003), l’Inde met en orbite Chandrayaan (2008) et alimente ses vues lunaires, tandis qu’Israël, le Pakistan, l’Iran ou le Brésil développent des programmes essentiellement militaires ou météorologiques. Ces États cherchent à affirmer leur prestige national et à sécuriser leurs communications et leur surveillance. Aujourd’hui, l’ESA, la Chine et les États-Unis investissent près de 70 % des budgets spatiaux mondiaux, mais de nouveaux pays émergents rivalisent par des satellites compacts et bon marché (CubeSats).
L’exploration spatiale se décline en deux grandes familles :
Vols habités : seuls les États-Unis, la Russie et, depuis peu, la Chine, maîtrisent l’envoi et le soutien d’êtres humains hors atmosphère (stations Saliout, Mir, puis ISS).
Véhicules spatiaux non habités : sondes lunaires et planétaires (Voyager II de 1979 à 1989 sur Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune), rovers martiens, et satellites de télédétection.
Les applications civiles (GPS, communications, météorologie, suivi climatique) et militaires (reconnaissance, guidage) exploitent aujourd’hui plus de 5 000 satellites en orbite, générant une pollution spatiale croissante.
Les impacts de l’exploration spatiale vont bien au-delà de la science pure :
Sciences fondamentales : le télescope Hubble a affiné la mesure de l’âge de l’Univers (≈ 13,7 milliards d’années).
Techniques : GPS, téléphonie satellite, airbags (inspirés des systèmes de protection pour capsules).
Environnement : surveillance du réchauffement climatique et suivi des catastrophes (incendies, pollutions).
Économie et emploi : le spatial est un secteur d’innovation à haute valeur ajoutée, générant retombées industrielles et créations d’emplois qualifiés.
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L’image 2 (couverture de Le Soir Illustré, 17 juil. 1969) montre l’enthousiasme européen face au succès lunaire ; plus loin, le texte « Objectif Homme » (La Libre, 25 juil. 1969) invite déjà à la réflexion critique sur le progrès technologique et son impact social.